MOUVEMENT BURKINABÈ DES DROITS DE L\'HOMME ET DES PEUPLES (MBDHP)

HALTE AUX DERIVES AUTORITAIRES AU BURKINA FASO

Alors même qu’en ce week-end du 19 au 20 février 2012 le peuple burkinabè, sa frange jeune en particulier, avait une pensée pour l’élève Justin L. ZONGO, voilà que les causes similaires à celles ayant concouru à la mort de ce lycéen perdurent, à savoir des mauvais traitements sur fond d’abus de pouvoir et d’autorité.

 

En effet, à la suite d’une altercation entre le Ministre de la Justice, de la Promotion des droits humains, Garde des Sceaux et le sieur Adma KIMA, mécanicien de son état, ce dernier a subi de mauvais traitements de la part d’agents de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP), appelés sur les lieux de l’incident par le Ministre.

 

Quelle que soit la version à considérer, venant de l’un ou l’autre des protagonistes de cette affaire, il y a là, un cas manifeste d’abus d’autorité, doublé de l’expression d’un zèle débordant de la part d’agents de la force publique.

 

Si fort heureusement on ne déplore pas de perte en vie humaine cette fois-ci, force est de constater que c’est ce type d’acte, abusif et empreint d’illégalité, qui fut à l’origine des grands mouvements de révolte qu’a vécu le Burkina Faso au cours du premier semestre de l’année 2011.

 

Ces faits condamnables nous interpellent au plus haut point d’autant plus que, entre le 1er décembre 2011 et le 20 février 2012, le MBDHP enregistre déjà, en plus du présent, les cas suivants :

-          arrestation, détention arbitraire du 1er au 7 décembre 2011 et mauvais traitements infligés au sieur Tôh PODA, convoyeur de  son état, à la brigade de gendarmerie de Gaoua ;

-          arrestation et mauvais traitements infligés aux sieurs Moumouni Isaac ZONGO et Ousseni COMPAORE le 04 janvier 2012 par des éléments de la Brigade anti-criminalité (BAC) de la Police nationale, située à Gounghin ;

-          gifle administrée à l’élève Yoro DIALLO du Lycée provincial de Boulsa, le 15 janvier 2012, par un gendarme et qui faillit entraîner un soulèvement des élèves et de jeunes de la localité.

 

Bien d’autres cas d’abus du genre ont peut-être pu échapper à nos structures, du fait de la peur qui habite encore certaines victimes, surtout dans l’arrière-pays.

 

Il est temps, enfin, que cessent ces dérives, sources de manifestations dont les autorités ont souvent tôt fait d’imputer la responsabilité aux autres, comme ce fut le cas avec l’interpellation du Président du MBDHP, le 10 mars 2011, au fort de la crise sociopolitique du premier semestre de cette année-là.

 

Il est temps que les déclarations d’intention et autres engagements, généralement contenus dans les discours officiels du Président du Faso et du Premier Ministre aux lendemains de chaque poussée de fièvre, soient empreintes de sincérité et se traduisent par des actes concrets et convaincants.

 

En tout état de cause et fidèle à sa triple mission de promotion, de protection et de défense des droits de l’homme, le MBDHP :

-          condamne les actes perpétrés sur la personne de Adma KIMA, notamment le traitement inhumain et dégradant qui lui a été infligé ;

-          invite instamment les autorités politiques et judiciaires à œuvrer sans complaisance à la recherche de la vérité et à rendre justice à Adma KIMA ;

-          appelle les éléments des forces de défense et de sécurité au strict respect de leurs rôles et missions ;

-          appelle le Gouvernement à accélérer le processus d’adoption de la « loi portant définition et répression de la torture et pratiques assimilées », ainsi que l’Etat burkinabè l’a promis et évoqué le 13 novembre 2010 à Banjul en Gambie au cours de la 48ème session de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, à laquelle assistait également le MBDHP ;

-          invite les populations à soutenir la campagne du MBDHP contre la pratique de la torture, en dénonçant auprès de ses structures, tous cas qu’elles subiraient ou dont elles auraient connaissance ;

-          invite Adma KIMA, ses parents, amis et collègues à opter pour les voies légales de règlement de litiges, en s’abstenant notamment de tout acte de vengeance.

 

  • NON aux dérives autoritaires !
  • NON à la torture, une pratique illégale, barbare et lâche !
  • Vérité et justice pour Adma KIMA et pour toutes les victimes d’actes de tortures et de mauvais traitements !
  • NON à l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques !

 

 

 

 

Ouagadougou, le 22 févier 2012

 

 

 

Le Comité exécutif national



28/03/2012
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